1651, la plus royale des années en Nouvelle-France

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Pourquoi avoir baptisé l’année 1651 « la plus royale des années en Nouvelle-France » ? Nous sommes le 7 septembre 1651. C’est une journée importante pour la monarchie française. Deux jours plus tôt, Louis a fêté ses 13 ans, l’âge de la majorité pour un roi. Ce matin-là, sa mère, Anne d’Autriche, lui remet formellement le pouvoir. Cette très officielle cérémonie du lever du roi est la première des 59 ans de règne que connaîtra encore Louis XIV. Aujourd’hui, son buste lui rend hommage au cœur de Place Royale à Québec. Incidemment en janvier 1651, l’archevêque d’Embrun (France) s’est montré très insistant à l’Assemblée du clergé pour sévir contre les protestants. Mais que s’est-il passé en Nouvelle-France tout au cours de l’année 1651 ?

Chronologie de l’année 1651

Voici une série d'événements d’influence inégale qui se sont déroulés en 1651, présentés par ordre chronologique :

  • 17 janvier : Jean de Lauzon, fils de François de Lauzon et Isabelle Lotin, est nommé gouverneur de la Nouvelle-France.
  • 25 février : Charles de Saint-Étienne de La Tour devient pour la seconde fois gouverneur de l’Acadie.
  • 20 mars : la seigneurie du Cap-de-la-Madeleine est concédée aux Jésuites par acte de donation entre vifs, par Jacques de la Ferté, abbé de Sainte-Marie-Madeleine de Châteaudun et membre de la Compagnie de la Nouvelle-France.
  • 4 avril : le père Jacques Buteux (né en Picardie) quitte Trois-Rivières pour aller servir la mission de Saint-Pierre à Shawinigan parmi les Attikameks ou Poissons Blancs. Treize mois plus tard il meurt aux mains des Iroquois.
Anse du fort ile d'orléans
L’Anse du Fort, à la pointe Sud-Ouest du village de Sainte-Pétronille dans l’Île d’Orléans, près de Québec (source Planete3w)
  • 18 avril : environ 400 Huron-Wendats accompagnés par des Jésuites s’installent à l’Île d’Orléans et lui donnent le nom « Île Sainte-Marie » en mémoire de la mission Sainte-Marie, abandonnée en Huronie, dans les Pays d’en Haut (Ontario), à la suite des attaques iroquoises. Ils s’installent à l’actuelle Anse du Fort. Leurs récits font frémir les habitants canadiens. Cinq ans plus tard, ce nom est abandonné avec leur départ et l’arrivée des 15 premiers colons insulaires, plus précisément Maurice Arrivé, Guillaume Baucher dit Morency, Jacques Bilodeau, Louis Côté, Robert Gagnon, Claude Guyon (Dion), Denis Guyon, François Guyon, Michel Guyon, Guillaume Landry, Pierre Nolin dit Lafeugière, Simon Leureau, Pierre Loignon, René Mézeray et Jacques Perrot.
Les frères gagnon à québec
Source La Nouvelle union (Québec)
  • 3 mai : naissance de Marie-Thérèse LeBlanc à Québec, fille de Léonard LeBlanc (né en Nouvelle-Aquitaine) et de Marie Riton (née dans les Pays de la Loire). La même année, aussi à Québec, Marguerite Tavernier (une Percheronne), épouse de Joseph Massé, accouche des premières jumelles européennes au Canada. En outre, les trois frères Gagnon, Mathurin, Pierre et Jean, construisent un magasin sur la rue Saint-Pierre dans la basse ville, et se lancent en affaires.
  • 6 juin : Pierre Boucher reçoit la commission de Capitaine de milice à Trois-Rivières, portant instruction de diviser les habitants par escouade, de leur procurer des armes et de les exercer aux maniements nécessaires. De plus, le gouvernement de Trois-Rivières se dote d'une sénéchaussée (tribunal).
  • 26 juillet : environ 200 Iroquois attaquent l’Hôtel-Dieu de Jeanne Mance, à Montréal. L’attaque commence vers 6 heures du matin et dure jusqu’à 18h00. Plusieurs colons périssent. Denis Archambault y meurt lorsque la pièce de canon à laquelle il s’apprêtait à mettre le feu lui explose en plein visage.
  • 10 août : Jacques Hertel de la Fresnière, soldat, interprète et colon, père du célèbre François Hertel, né à Fécamp (Normandie) de Nicolas Hertel et de Jeanne Miriot, décède à Trois-Rivières.
  • 3 septembre : Marie de l’Incarnation dévoile dans une lettre l’exploit de Charlotte  Barré (Mère Saint-Ignace), une héroïne oubliée de l’histoire, qui a sauvé plusieurs petites filles pensionnaires au couvent des Ursulines de Québec d’une mort atroce pendant un incendie terrible.
Vaisseau la vierge 1637
Vaisseau de guerre « La Vierge » commandé par Richelieu et Louis XIII à la Hollande en 1637 (détail d'un tableau d'Adam Willaert « Vaisseau appareillant », prise de vue Patrick de Compiègne, domaine public)
  • 13 octobre : Le Saint-Joseph, La Vierge et le navire hollandais Le Passemoy arrivent à Québec. Thomas Yost, Nicolas Denys, Guillaume Feniou, Mathurin Giraud dit Bélair, Bernardino Seyllon (un cordelier italien), et Jacques Bernier dit Jean de Paris sont parmi les 120 (sur 150) passagers identifiés par Marcel Trudel. Dix d’entre eux poursuivent leur voyage jusqu’à Montréal.
  • 5 novembre : Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve quitte le port de Québec à bord du vaisseau Le Passemay pour aller recruter de nouveaux colons en France, après avoir confié le commandement de Montréal à Charles-Joseph d’Ailleboust des Muceaux.
  • 17 novembre : les vaisseaux Le Saint-Joseph, commandé par le capitaine Boucher, avec à bord le frère Pierre Feauté et le père Lyonne, ainsi que La Vierge, commandé par le capitaine Boileau, partent pour la France. Pierre Mousnier est contremaître sur Le Saint-Joseph.
  • Enfin, toujours en 1651, Marguerite, le troisième enfant (après Catherine et Paul) du second lit de Simon Denys avec Françoise du Tartre, naît en Acadie, et non en France (voir article, page 603).
  • C’est aussi l’année où Pierre-Esprit Radisson arrive en Nouvelle-France à l’âge de 15 ou 16 ans et s'installe à Trois-Rivières. Quelques mois plus tard, il est capturé et adopté par les Iroquois, avec qui il choisit de rester malgré les occasions de s'échapper. Au début de 1654, il quitte l'Amérique et s'embarque pour la France, débarquant à La Rochelle.

Bilan de fin d’année 1651

Denier tournois 1651
Denier tournois (1/240 livre) de 1651 (source Numista)

Sur les quatre navires revenant du Canada à la fin de 1651, La Vierge s’échoue aux Açores, Le Saint-Joseph est confisqué à son arrivée à La Rochelle par le gouverneur de l’Aunis, le comte (rebelle) du Daugnon. Le Passemoy et Le Petit Saint-Jean arrivent à bon port, mais avec de biens maigres cargaisons, puisque les six poinçons de castors embarqués dans le vaisseau Le Passemoy ne produisent que 10 326 livres tournois (chaque livre tournois valant 20 sous ou 240 deniers).

Marcel Delafosse, archiviste conservateur, en a conclu : « Ainsi, la tentative de la Communauté de Québec pour assurer elle-même son ravitaillement (ce terme étant entendu dans son sens large) s’était soldé par un échec : les pelleteries de retour n’avaient pas suffi à payer les marchandises sur lesquelles, il est vrai, les fournisseurs rochelais (de La Rochelle) prétendaient faire de copieux bénéfices ».

Image d'en-tête : Buste de Louis XIV sur la Place Royale à Québec (auteur Wilfredor, licence CC0)

Jean-Pierre Bernier

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