Aujourd'hui 11 décembre à 20h (heure locale), la ville de Montréal donnera le coup d'envoi de son 375 ème anniversaire lors d'une émission de télévision spéciale de 90 minutes où sera dévoilée la programmation des festivités qui se dérouleront tout au long de l'année 2017. C'est pour nous l'occasion de revenir sur certains événements marquants de l'histoire de la ville et de rappeler que ce que les visiteurs voient d'elle a aussi été façonné par les milliers d'immigrants qui l'ont peuplée depuis le milieu du XIXème siècle jusqu'à nos jours.L'occasion aussi pour notre équipe de vous proposer la lecture d'un manuscrit en ligne sur le sujet.Son caractère multiethnique et la reconnaissance de sa diversité se reflètent aujourd'hui dans sa vie culturelle marquée par l'anticonformisme et la tolérance.
Quelques dates
6 janvier 1643 : le Champenois Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve accompagné de Jeanne Mance a fondé l'année précédente, Ville-Marie, contre le gré du gouverneur de Montmagny qui voit d'un mauvais oeil l'établissement d'une nouvelle colonie, assez loin de Québec pour échapper à l'autorité royale. Le fort qui abrite les premiers colons ayant échappé à la destruction lors de fortes inondations, Chomedey remercie le ciel en érigeant une croix de bois au sommet du Mont Royal.
En 1924, elle sera remplacée par une structure métallique de 26 tonnes et de 33 mètres de hauteur culminant à 251 mètres d'altitude, croix qui symbolise depuis, la ville de Montréal.La croix s'illumine chaque nuit, elle peut changer de couleur au gré d'événements en lien avec l'histoire ou la papauté.Sa base renferme une "capsule de temps" contenant des messages d'enfants qui sera ouverte lors du 500ème anniversaire de la ville.
4 août 1701 : un demi siècle après sa fondation, la ville compte à peu près 1500 habitants. Elle est devenue un centre majeur du commerce des fourrures et voit partir des expéditions géographiques vers les grands lacs et le sud du continent. Elle est l'objet d'attaques régulières de tribus iroquoises, la France et l'Angleterre se livrant aussi bataille par l'intermédiaire des nations amérindiennes, chacun des deux camps ayant signé des traités d'alliance la première avec les Montagnais en 1603, la seconde avec les Iroquois en 1618. Au terme de presque un siècle de conflits, 1300 représentants des tribus amérindiennes se déplacent pour la signature de la "Grande Paix de Montréal" dont un des principaux artisans est le chef huron Kondiaronk.
8 septembre 1760 : après la chute de Québec le 13 septembre 1759 et la dernière bataille franco-anglaise dans l'embouchure de la rivière Ristigouche qui se termine par le sabordage de la flotte fançaise partie de Bordeaux, Montréal capitule devant les Anglais.
Trois ans plus tard, le Traité de Paris fait officiellement du Canada une terre britannique.
28 novembre 1775 : le mouvement des Insurgés américains contre les forces britanniques rencontre de la sympathie de la part de certains dans l'ancienne colonie française devenue "Province of Quebec", tout particulièrement à Montréal. Les Américains s'emparent de Fort Chambly et de Fort Saint Jean près de Montréal puis de la ville où ils entrent sans effort, le gouverneur anglais Carleton ayant fui à Québec. Montréal restera sous occupation jusqu'en mai 1776.
24 août 1824 : inauguration du canal de Lachine. La construction de plusieurs canaux entre Montréal et les Grands lacs depuis la fin du 18ème siècle s'avère insuffisante face au développement du nombre des marchandises transitant par le fleuve Saint-Laurent.
Le canal de Lachine dont les travaux auront duré 3 ans s'ouvre à la circulation en 1825, reliant l'Atlantique aux grands lac. Cette époque marque le début d'une politique d'immigration destinée à booster l'économie canadienne.
2 décembre 1843 : Le Haut Canada et le Bas Canada ne formant plus qu'un, Montréal devient la capitale du Canada Uni. Elle le restera jusqu'en avril 1849 après que le Parlement ait été détruit par un incendie au cours d'une rebellion. Le siège de la capitale canadienne se "nomadisera" ensuite jusqu'en 1865 où il s'installera définitivement à Ottawa.
Un boulevard, des destinées multiples
Ce sont les Irlandais qui, dans les années 1820 sont venus les premiers rejoindre à Montréal francophones et anglophones qui se regardent en chiens de faïence depuis le 18ème siècle.L'Angleterre ayant annexé l'Irlande au tout début du 19ème siècle, certains paysans ou petits artisans émigrent au Canada, bientôt rejoints par des compatriotes chassés par la grande famine irlandaise. On a besoin de leurs bras pour la construction du canal et celle du pont Victoria qui regarde vers les Etats-Unis. Les nouveaux arrivés s'installent sur les lieux de travail à proximité du fleuve, les quais, le canal et ses usines naissantes, là où les loyers sont les moins chers et les habitations les moins salubres. Chaque secteur d'habitation sera ensuite abandonné dès que possible aux plus pauvres par les plus nantis qui migrent vers le nord. C'est sur ce modèle que la grande artère montréalaise, le boulevard Saint -Laurent se construira lorsque le Canada devenu Confédération ouvrira largement ses frontières pour assurer son développement économique. Les historiens ont donné à ce boulevard le nom de "couloir des immigrants".
Aux Irlandais durs à la tâche mais qui revendiquent bientôt des conditions de travail meilleures* succéderont bientôt les immigrants chinois dans les années 1880.
On estime que les deux tiers des 5000 ouvriers chinois venus construire le chemin de fer transcontinental ont péri par accident. Ceux qui restent ont fait l'objet de lois très restrictives et il leur faudra attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour bénéficier d'un droit à l'intégration. Le début du 20ème siècle voit arriver des communautés juives russes, polonaises et ukrainiennes qui fuient des régimes politiques répressifs à leur égard. Les problèmes politiques et économiques de l'Italie amènent ensuite plusieurs vagues de migrants italiens qui constitueront un quartier à leur image le long du couloir des immigrants. Ils y seront rejoints dans les années 50 par des Portugais chassés par la pauvreté, la surpopulation, puis les régimes dictatoriaux et les guerres coloniales africaines. Viendront aussi des communautés d'immigrants grecs, africains , moyen-orientaux, haïtiens, sud-américains, chaque groupe posant son empreinte ou la superposant à celle des autres. Montréal est une ville mosaïque où les cultures se côtoient sans se gêner. On n'y tourne pas le dos aux nouveaux arrivés ou aux visiteurs.
En haut la Montagne ; sous les pavés, la ville
Promenade préférée des Montréalais comme des visiteurs : le Mont Royal qui offre en plein milieu de la ville les charmes d'un parc de 200 hectares drainant en toutes saisons des amateurs d'activités de plein air à pied, à cheval , en vélo, en rollers ou à ski. Autre curiosité, la ville intérieure.Il n'est pas rare que les touristes demandent quelle est la porte d'entrée de" la ville souterraine", ce qui amuse les passants, surtout quand les visiteurs y sont, sans le savoir...Cette ville dans la ville est une extention en profondeur qui donne à chacun la possibilité de passer du dehors au dedans, et d'y trouver chaleur durant l'hiver glacial et fraîcheur pendant les canicules humides de l'été.
Temple de la consommation, c'est aussi un lieu d'expression artistique autant que d'animation commerciale. Pour le découvrir, il suffit juste d'aller voir sur place. Dès ce soir la Montagne s'allumera de fresques lumineuses. Il en sera de même jusqu'au 1er janvier, avant que ne débute pour de bon, toute une année de festivités ciblant un large public.
*Ils seront à l'origine de la première grève ouvrière répertoriée à Montréal en 1843. Voir : "Les fils d'Erin et le canal Beauharnais" de Roland Viau.
Montréal à la veille de son 375 ème anniversaire http://www.librinova.com/librairie/claude-ader-martin/montreal-couleurs-plurielles
Claude Ader-Martin