En dépit d'une météo de fin d'été à faire pâlir les touristes de la Riviera italienne, les fans des Canadiens de Montréal sont entièrement tournés vers la saison qui commence. Rentrée officielle en cette deuxième quinzaine de septembre avec la nomination d'un nouveau capitaine l'américain Max Pacioretty et quelques avant matches destinés à chauffer l'équipe avant le match d'ouverture contre les Maple Leafs de Toronto, le 7 octobre prochain chez l'adversaire. Nul doute que le Centre Bell affichera complet le 15 pour l'affrontement Canadiens/ Rangers de New York, l'équipe qui est passée bien près de la consécration en saison dernière. Et si les premiers flocons de l'automne étaient au rendez-vous, que de bonnes augures !
Naissance d'une équipe
Il faut remonter un peu dans l'histoire du Québec pour comprendre la création de l'équipe des Canadiens de Montréal. Le hockey sur glace en patinoire se pratiquait déjà avant le 20ème siècle, mais les Francophones, plus nombreux en nombre mais inférieurs sur le plan de la représentativité étaient généralement exclus des équipes anglophones pour des raisons politiques et religieuses. Lorsque le représentant de la Reine Victoria, Lord Stanley donne son nom en 1892 au trophée qui chaque saison couronne la meilleure équipe, les Canadiens français commencent à revendiquer leur droit à participer. Et c'est un homme d'affaires catholique d'origine irlandaise qui s'offre son propre Club, francophone à 100% en tablant sur les querelles internes qui agitent les équipes anglophones. Sept ans plus tard, le club qui a déjà joué la carte de la mixité linguistique gagne la Coupe Stanley pour la première fois et intègre dans la foulée la Ligue Nationale de Hockey. Plus qu'une équipe, les Canadiens d'alors deviennent un emblème pour toute la communauté francophone et c'est la taille ceinte de la ceinture fléchée symbole des coureurs des bois et des premiers colons que les spectateurs de l'époque viennent soutenir leur équipe.
Les Dieux de la patinoire
A vingt quatre reprises, l'équipe remportera la coupe dont cinq fois de suite de 1956 à 1960. L'histoire retient le nom de Maurice Richard. Sa suspension en 1955 avant le match au cours duquel l'équipe va jouer son titre de champion va déclencher une émeute à Montréal, et il faudra que le joueur vienne lui-même à la radio pour calmer les esprits et mettre fin à ce que certains présentent comme les débuts de la Révolution tranquille. Lorsqu'il interrompt sa carrière après 18 ans passés au sein des Canadiens, il monte tout droit au Panthéon des dieux du hockey, le Temple de la Renommée : son numéro de chandail est "retiré" pour ne plus jamais être attribué avant même le délai réglementaire. A sa mort, ses obsèques religieuses seront télévisées. Tout aussi célèbre est Jean Beliveau, disparu il y a peu dont le nom est synonyme d'élégance et d'engagement philanthropique. Vient maintenant la relève portée par les Carey Price, aussi célèbre qu'une vedette de cinéma dont le maillot usagé de l'année dernière a été attribué à un supporter pour la modique somme de 3.500 dollars, ou le jeune défenseur PK Subban qui vient de faire le don de 10 millions de dollars à l'hôpital des enfants malades de Montréal.
Quant au capitaine Pacioretty, tous les médias francophones ont souligné, l'application qu'il avait mise à s'exprimer en français lors de la conférence de presse qui a suivi l'annonce de sa nomination à la tête de l'équipe, preuve s'il en fallait, que la question linguistique est toujours un sujet d'actualité un siècle après la création du club sportif. Tous les joueurs sont adulés comme l'ont été leurs aînés mais il leur manque juste une petite chose pour ressembler aux dieux qui les ont précédés : la bague scintillante qui tel un anneau de fiançailles-mais en bien plus gros- orne l'annulaire des vainqueurs de la coupe Stanley.
Deux d'entre elles, volées à un collectionneur de Toronto en juin dernier étaient estimées à 500.000 $ !
Claude Ader-Martin