Véritable musée de l’architecture, de l’art et de la sculpture funéraire, deux cimetières retiennent plus particulièrement notre attention : le cimetière de Saint-Louis à la Nouvelle-Orléans et le cimetière de la Chartreuse à Bordeaux, tous deux ont partagé une histoire commune et sont les témoins architecturaux de la réussite ou la fortune de ceux qui y sont enterrés.
Une histoire en partage
Le cimetière Saint-Louis N° 1, est le plus ancien cimetière de la ville de la Nouvelle-Orléans, il fut ouvert en 1789 à l’époque de la Louisiane française. Il se compose aujourd’hui de trois parties distinctes situées au nord du Vieux Carré, le quartier français historique de la Nouvelle-Orléans, à quelques encablures du fleuve Mississippi. Il possède une majorité de tombes de familles franco-louisianaises et beaucoup d’entre elles sont rédigées en langue française … et également célèbre pour ses fantômes vaudous comme la tombe de Marie Laveau.
En 1823, Saint-Louis n°2 connaît une extension et accueille de nombreux musiciens de jazz et de blues, une partie du patrimoine créole et afro-américain de la ville. La 3e extension qui date de 1854 , près du Bayou Saint-Jean, contient les sépultures les plus ouvragées et extravagantes.
Une tradition française
Le cimetière Saint-Louis se distingue de l’ensemble des cimetières américains avec ces tombes érigées au-dessus du sol, en raison de la proximité du fleuve et des bayous.
Les pierres tombales et l’ensemble des chapelles rappellent le style traditionnel des cimetières français et notamment le Cimetière du Père-Lachaise ou celui du cimetière de la Chartreuse pour son organisation et sa vue d’ensemble.
Créé en 1791, dans l’enclos de l’ancien couvent des Chartreux, le cimetière général de Bordeaux est situé dans le périmètre classé au patrimoine mondial de l’Unesco et son portail nord est classé Monument Historique depuis 1921. Déjà reconnu par Stendhal comme l’un des plus beaux de France, il accueille depuis plus de deux siècles les personnalités de la vie politique, culturelle, économique et artistique bordelaise tout comme celui de la Nouvelle-Orléans.
Des fortunes louisianaises et des destins qui se sont achevés à Bordeaux ou à la Nouvelle-Orléans.
Au cimetière de Saint-Louis à la Nouvelle-Orléans : la tombe de la famille Duparc-Locoul, une des plus anciennes familles créoles, propriétaire de la plantation « Laura » près de Vacherie et également producteur importateur de vins de Bordeaux lorsque Raymond Locoul, propriétaire de Château Bon Air à Mérignac devient le mari d'Elizabeth Duparc, une maîtresse femme propriétaire d'un domaine de plus de 5 000 ha près de Bâton Rouge sur les bords du Mississippi.
Au cimetière de la Chartreuse à Bordeaux :
surnommé l'oiseleur de la Nouvelle-Orléans pour son goût des oiseaux exotiques. Voir article de Sud-Ouest
Riche de son patrimoine funéraire du XIXe siècle, marqueur architectural et social des échanges commerciaux avec la Nouvelle-Orléans, le cimetière de la Chartreuse tout comme ceux de la Nouvelle-Orléans offrent une intéressante porte d'entrée pour approfondir cette histoire créole qui unit nos deux régions : Louisiane et Aquitaine.
Anne Marbot
Source pour le Cimetière de la Chartreuse : P. PREVOT-M. LASSERE, Chants des Morts, Guide des cimetières de Bordeaux.
Photos : Anne Marbot