Partie le 18 avril de Charente-Maritime pour un voyage de 7.500 miles, la réplique de l'Hermione, la frégate qui transporta La Fayette en 1780 au secours des insurgés américains va connaître son lot de reconstitutions et de célébrations durant ses 132 jours de voyage. En tout premier lieu, celle de la célèbre bataille de Yorktown d'octobre 1781 qui consacra l'indépendance des Américains alors que celle ci avait été déclarée cinq ans auparavant, le 4 juillet 1776. C'est ainsi que tout au long du voyage de l'Hermione le long des côtes américaines puis canadiennes, on aura le temps de se souvenir de l'exploit de La Fayette parti le 21 mai 1780 de l'arsenal de Rochefort. Il ne fut pas le seul puisqu'avant lui, l'amiral comte d'Estaing s'était illustré au cours de la bataille de Saratoga d'octobre 1777 tout comme le comte de Rochambeau qui attendait à Rhodes Island avec ses 6000 hommes de pouvoir participer à la bataille décisive qui allait se dérouler à Yorktown à l'automne 1781. Le 17 octobre, alors que la flotte anglaise venait d'être défaite par les hommes de l'amiral de Grasse devant la baie de la Chesapeake, les forces conjuguées du général Washington, de Rochambeau et de La Fayette avec l'armée des insurgés de Virginie, allaient définitivement consacrer l'Indépendance des anciennes colonies anglaises d'Amérique après un siège de trois semaines.
Dans la Baie des Français
Après l'escale de Yorktown du 5 au 7 juin, l'Hermione entamera sa remontée vers le nord, faisant escale à Mount Vernon, Alexandria, Annapolis, Baltimore, Philadelphie, New-York où elle participera à la fête nationale le 4juillet, Newport, Boston avant d'arriver à Castine où elle restera les 14 et 15 juillet afin de célébrer notre fête nationale. Ce port de villégiature tient son nom du béarnais Baron de Saint-Castin né à Escout en 1652. Arrivé en Nouvelle-France en 1665 avec le Régiment de Carignan-Salières à l'âge de 13 ans, il revint s'installer dans ce qui était alors l'Acadie au fort Pentagouët dans l'Etat actuel du Maine pour y faire commerce et défendre la frontière française de l'Acadie. Son alliance avec les Indiens Abénaquis allait faire de lui une figure de légende.
En vue du mont Cadillac
En remontant la côte du Maine, l'Hermione découvrira les monts escapés du Parc Acadien où reste le souvenir d'un autre français, l'aventurier Antoine Laumet, qui en 1701 allait participer à la fondation de la ville de Detroit (Michigan) sous le nom de Lamothe de Cadillac. En s'approchant de la frontière canadienne, elle laissera sur sa gauche, la petite île Sainte-Croix l'entrée de la rivière du même nom qui garde le souvenir de la première colonie française installée au Nouveau-Monde par Champlain en 1604 avant de longer les côtes de la Nouvelle-Ecosse. Escale dans le ravissant port de Lunenbourg site classé au patrimoine de l'Unesco pour son architecture unique où la frégate fera concurrence au Bluenose, goélette qui remporta à plusieurs reprises le trophée de course entre pêcheurs de la côte atlantique. Regardez une pièce de 10 cents canadiens et vous la reconnaîtrez !.Puis Halifax qui garde en mémoire la tragédie qui détruisit une partie de la ville en décembre 1917 alors que le navire français Mont-Blanc chargé d'explosifs entra en collision avec un navire de secours belge. Le bilan fut de 2000 morts, 9000 blessés et 6000 sans abris.
L'Hermione entrera ensuite dans les eaux françaises de Saint-Pierre et Miquelon le 23 juillet et longera l'ancienne colonie de Plaisance fondée au sud de Terre-Neuve par les Français en 1660 avant de continuer sa route de retour vers Brest où elle est attendue début août.
Claude Ader-Martin