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Nouvelle-France : origines géographiques des immigrants venus de France

Quand Champlain fait construire ses premières « habitations » en Acadie (1604-1605) et à Québec (1608), ses compagnons sont tous de sexe masculin. La première immigrante, Marguerite Vienne, qui accompagne son mari à Québec en 1612, meurt peu après son arrivée. C’est donc en 1613 que s’embarquent les vraies pionnières : Marie Rollet, la femme du colon Louis Hébert, et leurs deux filles, Guillemette et Anne. En Acadie, les premières femmes arrivent en 1636, avec neuf ménages français.  En tout, on compte environ 2 000 femmes et filles parmi les 10 000 immigrants fondateurs du Canada. En font partie les filles du roi, les quelque 850 jeunes filles envoyées à Québec au milieu du XVIIe siècle pour qu’elles se marient à des hommes de la colonie.

L’origine géographique des immigrants reflète l’importance de la France atlantique dans le courant migratoire. Plus des deux tiers des colons canadiens et acadiens viennent de la côte atlantique, considérée dans un sens très large. Plus précisément, 39% des immigrants viennent du Nord-Ouest, 19% du Centre-Ouest, et 11% du Sud-Ouest.

Malgré cette répartition inégale, laire de recrutement englobe toute la France : les immigrants viennent de chaque province, voire de chaque département actuel du pays.  Il en vient 9% de l’Est, autant de la région parisienne, 3%  de chacun des départements de la Loire, du Nord et du Massif central, 2% du Midi et 1% des Alpes.

L’origine urbaine des immigrants est particulièrement prononcée : près des deux tiers viennent  des villes. Parmi ces derniers, les deux tiers également viennent de grandes villes de plus de 10 000 habitants.  La ville qui a fourni le plus grand nombre d’immigrants est La Rochelle puis, en ordre décroissant, Paris, Saint‑Malo, Rouen, Nantes, Dieppe et Bordeaux, ce qui reflète clairement le caractère à la fois atlantique et urbain du mouvement.

Si les régions de Détroit et du pays des Illinois ont été peuplées surtout à partir du Canada, tel ne fut pas le cas de la Louisiane. À la mort de Louis XIV, en 1715, l’émigration française vers cette colonie fondée en 1699, est minime. Les conditions de vie sont très difficiles ce qui ne tarde pas à donner à la Louisiane une mauvaise réputation dans les ports atlantiques. En 1704, les 22 filles à marier en partance pour cette colonie tentent en vain de déserter après avoir entendu toutes sortes d’horreurs à son sujet au port de Rochefort. En 1715, la Louisiane compte moins de 300 personnes, dont 160 militaires français et quelques Canadiens. La situation change toutefois rapidement pendant la Régence. L’État adopte d’abord le principe de l’émigration forcée. Cette nouvelle politique est mise en œuvre dès 1717, année de la cession du monopole de la colonie à la Compagnie d’Occident de John Law.

La première étape consiste à chercher, dans les provinces du Maine, de Touraine et d’Anjou, des faux-sauniers que l’on juge aptes à travailler la terre. Soixante-cinq hommes sont ainsi choisis en 1716 pour la Louisiane.  En 1719 et en 1720, l’État étend sa politique de déportation aux vagabonds et sans emplois des principales villes du royaume, en commençant par Paris. De 1717 à 1720, on déportera 1300 hommes et 160 femmes, mais seul un petit nombre d’entre eux participera au peuplement de la colonie. Cette expérience discrédite davantage le Mississippi auprès des Français, surtout dans les grandes villes et les ports qui servent de réservoirs naturels à l’immigration coloniale.

La compagnie de Law ne se borne cependant pas à transporter des immigrants de force : elle orchestre aussi une propagande effrénée afin de susciter l’émigration volontaire. Toutefois, cette campagne exagérée qui présente la Louisiane comme un paradis terrestre se révèle infructueuse. Les 300 artisans recrutés par la compagnie dans les ports atlantiques, entre 1717 et 1721, viennent pour la plupart du Midi où, apparemment, la mauvaise réputation de la colonie est moins bien ancrée.

En revanche, traduits en allemand, les prospectus de Law font sensation dans la vallée du Rhin où, pendant ces mêmes années, 4000 personnes acceptent de s’engager pour la Louisiane. Comble de malheur, des 4000 Allemands qui se rendent au port de Lorient, la moitié meurent des suites d’une épidémie et 500 désertent pour rentrer chez eux. Des 1300 qui s’embarquent enfin, 500 meurent pendant la traversée et 500, à l’arrivée. Il ne reste que 300 survivants, qui feront souche et deviendront en peu de temps des colons très prospères.

L’émigration française vers la Louisiane cesse à peu près en 1721, après l’effondrement du système de Law. De concert avec les Allemands, on réussit à transporter plus de 4 000 immigrants volontaires dans la colonie, dont 1 000 reviennent en France. Il faut ajouter à ce nombre un millier de soldats, des Français et des Suisses du régiment de Karrer, qui sont surtout des immigrants temporaires.

Données du Musée virtuel de la Nouvelle-France- Musée Canadien de l’Histoire.

Complément d’informations :

  • Les Colonies anglaises de l’Amérique prérévolutionnaire ont accueilli un grand nombre de Huguenots français qui fuyaient les persécutions religieuses en France au XVIIe.  Cette communauté s’est intégralement assimilée à la culture anglophone (New York, New Rochelle, Philadelphie …) et a laissé peu de traces de ses origines.
  • La Révolution Française va entraîner un important flux migratoire en Amérique, entre 1789 et 1791, même si certains reviendront en France par la suite.  De 1815 à 1817, les troubles politiques après la chute de Napoléon conduisent à une importante vague d’émigration.
  • Le XIXe siècle connaîtra un important flux migratoire vers la Louisiane américaine, eldorado économique,  jusqu’à la guerre de Sécession... mais c'est une autre histoire, celle de l'entrée de l'Amérique sur la scène internationale.

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