Si le Château de Caumale m’était conté …..
ou la découverte d’une incroyable histoire créole en cours d’écriture dans le Gabardan.
Situé à Escalans, cet imposant château gascon du Moyen Age a connu une histoire peu commune. Si au départ, son destin suit l’histoire de France : riche domaine féodal et de chasse, il est à la fois le fief de la famille d’Albret mais également un lieu de refuge pour Gabarret et ses habitants pendant la guerre de Cent Ans et des religions. Dans le paysage, sa silhouette élancée et massive est quelque peu surprenante avec ses 5 tours dont quatre d’angle qui allègent un imposant corps de logis entouré de murs d’enceinte transformés en chais.
En 1758, son importance est telle qu’il est qualifié de « château et jardin noble » dans les archives de la famille de Caumale qui restera propriétaire jusqu’au XIXe siècle. En 2002, il est classé monument historique grâce à la détermination de ses propriétaires actuels : Geneviève et Pierre Fabre, épris et motivés pour en faire un lieu d’exception culturelle.
L’’histoire qui nous intéresse est celle de son passé colonial au XIXe siècle entre Saint-Domingue, Cuba et la Louisiane , dans le sillage des familles Delisle-Duverger qui possèdent les plantations les plus anciennes de Saint-Domingue ainsi que d’autres à Bâton Rouge en Louisiane. Epris d’aventure et dotés d’un sens des affaires bien aiguisés, les Delisle étaient également armateurs de bateaux commerciaux des deux côtés de l’Atlantique . Cette fortune coloniale leur a permis d’acquérir cet important domaine de Caumale en 1820.
Longtemps conservées par l’Abbé Michel Devert, les archives de cette famille viennent d’être restituées aux propriétaires qui ont engagé un important travail d’inventaire avec de jeunes étudiants américains placés sous la houlette de Jacques de Cauna, historien spécialiste des liens entre l’Aquitaine et l’espace Caraïbe. Un nouveau chapitre de l’histoire de Caumale est en cours d’écriture et avec un peu de patience, nous découvrirons la vie quotidienne et les échanges commerciaux d’une famille d’origine landaise bien implantée localement mais avec des habitudes créoles (entre autres la tenue d’un potager colonial par des hommes de couleur…) et d’importants entrepôts où s’entassaient aussi bien des sacs de café, des fèves de cacao, du coton et d’indigo … que des « barricots » d’Armagnac . Un lieu déjà bien identifié à l’international car les archives font état d’un mariage en 1820 où les amis de la famille sont Rochambeau Fils, Vilmorin, Humbolt ….
Le 19 juillet, à l’occasion de la cérémonie officielle d’ouverture du château, les propriétaires ont reçu les prix de la French Heritage Society ainsi que celui de la Demeure Historique , il s’agit d’une aide financière et d’un label de l’excellence patrimoniale du site.
Passionnés et déterminés, Geneviève et Pierre Fabre ont fait part de leurs projets de voir un jour le château de Caumale complètement restauré grâce au soutien des visiteurs et des amis, de fonds privés et publics ou encore au financement participatif sur les réseaux sociaux via le site de MyMajorCompany pour les différentes tranches de travaux qui vont être entrepris. Le château est dorénavant ouvert à la visite sur rendez-vous pendant l’été et propose des conférences pour les adhérents de l’association des « Amis de Caumale ».
Le Château dispose actuellement d’une belle collection de chocolatières et de serveuses qui illustre le monde de consommation du café et du chocolat venu des colonies depuis le XVIIIe siècle. Les intérieurs modifiés au XIXe siècle par les Delisle –Duverger, ont été reconstitués par les nouveaux propriétaires. La visite comprend également la montée de la tour de l’escalier ainsi que la découverte des salons et chambres de type consulaire dont celle de Rochambeau fils.
Anne Marbot
Pour tout complément d'informations, www.chateaudecaumale.fr