L'Atlantique, seule ligne maritime pour relier l'Europe et l'Amérique du Nord, lieu historique des conflits majeurs -politiques et économiques - pour la conquête du Nouveau Monde et sa colonisation, prémices d'une mondialisation dès le 16e siècle. France Culture dans le cadre de son émission "Le cours de l'histoire" animé par le charismatique Xavier Maudouy, nous présente un dossier thématique fort bien documenté sur l'histoire maritime atlantique sous format de podcastes avec l'intervention de spécialistes et d'historiens, accompagné d'une importante bibliographie. Dans le cadre de notre association, trois périodes clés nous intéressent plus particulièrement.
Qui sont ces bagnards ou travailleurs de la mer qui pendant 5 siècles vont traversé l'Atlantique pour pêcher la morue sur les bancs de Terre-Neuve? Dans une société guidée par le catholicisme où le régime maigre s'impose aux croyants, l'approvisionnement en poisson devient un enjeu fondamental. Ainsi, la découverte début 16e siècle, d'une "terre-neuve" avec la morue en abondance, fait de la pêche à la morue une activité pionnière du capitalisme. Prendre la mer est une opération dangereuse : sept mois d'expédition dans une mer violente, de tempêtes ou d'attaques des corsaires. Si les armateurs investissent malgré le risque, c'est que l'activité est rémunératrice pour eux et les marins-pêcheurs. Pour la plupart, ceux-ci sont issus de l'arrière pays rural de villes portuaires peu développé économiquement : les terre-neuvas gagnaient mieux leur vie que les ouvriers agricoles malgré les risques.
De Barbe Noire aux Antilles aux frères Lafitte en Louisiane, les pirates, corsaires et flibustiers sont devenus aujourd'hui des mythes dans la culture populaire avec les films fictions du capitaine Crochet ou de Jack Sparrow mais au fait qu'est-ce qui les distingue ? Une définition du vocabulaire s'impose : si les corsaires sont légalement investis par les Etats pour dépouiller l'ennemi, les pirates sont de véritables bandits des mers. Quant aux flibustiers, ils sont entre les deux : ils travaillent dans la légalité en temps de guerre et dans l'illégalité en temps de paix. La flibuste apparaît au début du 17e et prend fin avec la paix d'Utrecht en 1713. Elle concerne essentiellement les Caraïbes, les Antilles, mais aussi, de manière plus marginale, l'actuel océan Pacifique. Il s'agit d'un phénomène géopolitique qui met en jeu les rapports de pouvoir des états dans la zone Caraïbe mais aussi les liens coloniaux qu'ils entretiennent avec des territoires récemment conquis en marge de leurs empires.
En 1838, la première traversée transatlantique à vapeur lance l'essor des compagnies maritimes qui vont se développer, notamment en 1855 avec la Compagnie Générale Transatlantique (CGT) par les frères Pereire à Bordeaux et au Havre. Les navires battent pavillon français, allemand, italien ou encore américain sur l'Atlantique nord, une économie de plus en plus mondialisée et concurrencée. La traversée ne prend que quatre jours à son apogée avec le Normandie en 1935. Ces paquebots sont le reflet de la société en miniature où toutes les couches de la population sont représentées : millionnaires, touristes ou commerçants, réfugiés et immigrés. Pour ces derniers, embarquer à bord est pour beaucoup le premier pas d'un voyage d'immigration vers le rêve américain. Entre 1880 et 1914, vingt millions d'Européens traversent l'Atlantique pour s'installer aux Etats-Unis. La concurrence de l'avion mettra un frein à l'expansion des compagnies maritimes et les années 1970 voient la fin de cet âge d'or, lorsque la Compagnie générale transatlantique fusionne avec la Compagnie des messageries maritimes en 1977.