Camille de Polignac : un Français dans l’armée confédérée.

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Camille polignac

Quand, le 12 avril 1861, la Guerre Civile américaine éclate, Napoléon III et son gouvernement optent pour la neutralité. Par contre des Français d’Amérique et des Français de France, prennent parti1.

Certains pour les « Yankees » (Nordistes unionistes) et d’autres en faveur des « Rebs » (Sudistes sécessionnistes). Pour ces Français, il existe plusieurs niveaux d’engagement. Le plus élevé de tous est la lutte armée. Ceux qui rejoignent volontairement2 les armées belligérantes ont, pour agir ainsi, des raisons très diverses : goût de l’aventure, adhésion à une cause, envie de gagner du galon, espoir d’une naturalisation ou d’une concession de terres, appât du gain, etc. Une fois la guerre terminée (9 avril 1865), la plupart de ces volontaires français tombent dans l’oubli, sauf ceux qui se sont particulièrement illustrés sur les champs de bataille.

Le prince Camille de Polignac (1832-1913) fait partie de cette petite élite. Dans la mémoire collective des onze Etats-membres de l’ancienne Confederate States of America, ce major-général d’infanterie demeure pour toujours le « Lafayette of the South ». Qu’a -t-il fait pour gagner un titre aussi glorieux ? C’est à cette question que répond cet article.

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Etats de l’Union et Etats confédérés en 1861

Au service de la « grande cause » du Sud

C’est au mois de mars 1861, que le prince Camille de Polignac3 demande son incorporation dans l’armée sudiste. Pour agir ainsi, il a deux motivations. La première est altruiste : il veut aider les Confédérés à vaincre les Unionistes4.

La seconde est égoïste : il souhaite se couvrir de gloire par un coup d’éclat sur le champ de bataille. Mais sa requête peut-elle aboutir ? Oui, car il offre toutes les garanties. D’abord, c’est un excellent militaire. En effet, il peut se prévaloir d’un brillant passé d’officier dans la très réputée armée du second empire français. Au sein des Chasseurs d’Afrique, il a fait ses preuves pendant la guerre de Crimée (1853 – 1856).

Au siège de Sébastopol, entre autre, ses qualités guerrières de tête et de cœur ne sont pas passées inaperçues. Ensuite, il appartient à la haute aristocratie. Grâce à ses liens au sommet de la société française, il peut y promouvoir les intérêts de la Confédération au moment où celle-ci cherche au minimum à se faire reconnaître des grandes puissances européennes et au mieux à obtenir leur aide militaire et/ou économique5.

Par ailleurs, il a des relations chez les Confédérés. Après avoir démissionné de l’armée impériale, il a visité le sud des Etats-Unis (1859) et s’y est fait quelques amis. Des amis hauts placés, comme le général Pierre Toutant de Beauregard et les sénateurs John Slidell et Judah Benjamin. Enfin, compétence rarissime pour un Français, il parle couramment l’anglais. Et pour cause, sa mère est anglaise et lui-même a passé plusieurs années de sa jeunesse à Londres.

Pour qui veut commander des troupes anglophones, la maîtrise de leur langue est la première des conditions. Pour toutes ces qualités et compétences, Camille de Polignac est accueilli à bras ouverts par l’armée de terre confédérée dans laquelle il débute comme lieutenant-colonel d’infanterie, un grade bien supérieur à celui qu’il détenait dans l’armée française6.

Tenu à l’arrière malgré lui

Dans la participation de Camille de Polignac à la Guerre de Sécession sous l’uniforme gris, on peut distinguer deux époques. La première, sans relief, commence en juin 1861 et se termine en août 1862. Durant ces dix mois, à son plus grand regret, le Français est tenu éloigné du théâtre des opérations. Sa principale activité consiste à inspecter l’armée confédérée lorsqu’elle n’est pas au feu. Il faut dire que cette armée, comme celle du Nord d’ailleurs, est tout sauf préparée à affronter une guerre longue et meurtrière.

Aussi, à l’issue de ses inspections, le lieutenant-colonel Camille de Polignac fait-il des préconisations à ses supérieurs. Celle d’abandonner le système d’élection des officiers de compagnie7.

Celle aussi de revoir la couleur des uniformes afin de mieux distinguer les combattants8. Celle enfin de modifier le mode de recrutement des soldats afin de réduire le taux de désertion. Mais aucune de ces trois préconisations n’est retenue.

L’armée sudiste veut conserver sa spécificité, faiblesses comprises. Pour récompense de son zèle, car il ne ménage pas ses efforts pour la « grande cause », le lieutenant-colonel de Polignac se voit décerner le titre honorifique d’inspecteur général d’état-major. Mais l’aristocrate français n’a pas rejoint l’armée sudiste pour y occuper un poste de gratte-papier. Ambitieux, il rêve de renommée et de gloire.

À la mi-avril 1862, à sa demande, il est affecté, comme aide de camp, à l’état-major de son ami et protecteur le général Toutant de Beauregard. Il rejoint celui que le Sud appelle le « Napoléon gris » à Corinth (Mississippi). Cela se passe une dizaine de jours après la bataille de Shiloh (Tennessee). Cette bataille, qui s’est déroulée les 6 et 7 avril 1862, s’est conclue par une défaite de l’armée confédérée. Camille de Polignac intègre donc une armée vaincue, désorganisée, pour partie malade de la fièvre typhoïde, amputée d’un cinquième de ses effectifs9 et qui a dû battre en retraite sur une trentaine de kilomètres.

Face à cette situation désastreuse, le Français pourrait se décourager et vouloir à nouveau occuper un poste abrité à l’arrière. Mais ce serait mal le connaître : il demande à se battre. Et, dans ce but, fait tout pour obtenir le commandement du 18ème régiment de Louisiane. Sans succès. Du 29 avril au 10 juin 1862, il prend part à la défense de la ville de Corinth contre le siège des 120 000 soldats du major-général Henry Halleck. C’est son baptême du feu américain, mais il ne s’y signale pas. Peu de temps après, on le change d’affectation : il intègre l’état-major du général Braxton Bragg, le nouveau commandant en chef de l’armée du Mississippi. Et cela, au moment même où celui-ci prépare l’invasion de l’Etat frontalier du Kentucky.

L’heure de gloire est arrivée

C’est à la bataille de Richmond (Kentucky) que débute la seconde époque de la participation de Camille de Polignac à la Guerre de Sécession (août 1862 – janvier 1865). C’est une époque glorieuse qui marque le tournant de sa carrière militaire. La bataille de Richmond se déroule sur deux jours, les 29 et 30 août 1862. Elle oppose l’armée unioniste du Kentucky commandée par le général « Bull » Nelson à l’armée sudiste du Kentucky10 sous les ordres du général Edmund Kirby Smith.

Cette dernière intègre, pour l’occasion, une division de l’armée du Mississippi avec le lieutenant-colonel de Polignac dans ses rangs. Celui-ci se fait remarquer le second jour de la bataille. Alors que l’attaque des soldats de la Confédération se heurte à une solide barrière défendue par les troupes de l’Union et que les autres officiers sont prêts à abandonner la partie, il s’empare du drapeau du régiment, le brandit haut et fort, et entraîne à sa suite le 5ième du Tennessee dans une charge victorieuse.

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Plaque commémorant la bataille de Mansfield en Louisiane.

À l’issue de la bataille, remportée par le Sud, Le lieutenant-colonel de Polignac est cité à l’ordre du jour. Enfin, il est sorti du lot ! À Richmond (Kentucky), tout le monde a pu constater, du simple soldat à l’officier supérieur, combien il était brave et compétent. Ce sont des chefs de cette trempe dont la Confédération a besoin. Cela dit, il va devoir patienter quatre mois avant que le président Jefferson Davis ne l’élève au rang de général de brigade (10 janvier 1863).

Dans le prolongement, le promu est versé dans l’armée de Louisiane occidentale où, à la fin du mois de mai, le lieutenant-général Edmund Kirby Smith lui confie la toute nouvelle 2ième brigade d’infanterie texane11. Celle-ci opère sur le front de l’Ouest, en Haute-Louisiane.

La prise de fonction du brigadier-général Camille de Polignac ne se fait pas sans peine. Et pour cause, il hérite de soldats sans motivation, très indisciplinés et peu solidaires. Bref, d’une mauvaise troupe. Celle-ci conteste sa légitimité et le surnomme par moquerie « general Polecat » (général Putois). Pas question pour elle d’être mise au pas par un étranger, aristocrate de surcroît. Au milieu du mois de septembre 1863, les choses vont très mal : la 2ième brigade texane est au bord de la mutinerie.

Heureusement, des interventions des majors-généraux John Walker et Richard Taylor règlent momentanément le problème. Mais pour que celui-ci soit résolu une bonne fois pour toutes, il faudrait que le Français démontre à sa brigade qu’il est un grand chef militaire. C’est ce qu’il parvient à faire à trois reprises. D’abord le 7 février 1864 à Vidalia : à la tête de 500 de ses hommes, il razzie le contenu d’un important dépôt de vivres et de matériels de l’armée fédérale.

Ensuite, durant tout le mois de mars, dans les environs d’Harrisonburg : grâce à une guerre d’embuscades, il perturbe la navigation des gunboats unionistes sur la rivière Ouachita.

Enfin, le 8 avril sur le champ de bataille de Mansfield : en agissant avec sang-froid et bravoure, il donne la victoire à son camp. Ce fait d’arme mérite d’être raconté. Depuis les premiers jours du mois d’avril, l’armée confédérée, pressée par celle de l’Union, s’est repliée dans le nord-ouest de la Louisiane d’où elle se prépare à défendre la ville de Shreveport12.

Le 8 avril, c’est à Mansfield que l’affrontement entre les deux armées se produit. C’est le major-général Richard Taylor qui ouvre les hostilités. En fin d’après-midi, ses 8 800 hommes se lancent à l’attaque des troupes de son homologue nordiste Nathaniel Banks. La charge à peine engagée, le général de brigade Alfred Mouton est tué à la tête de la 2ième division d’infanterie13 confédérée.

Sous ses ordres, avec sa brigade texane, se trouve Camille de Polignac. Celui-ci sans hésiter prend le commandement de la 2ième division, rameute ses soldats, poursuit la charge et, sous une grêle de balles et d’obus, met les Fédéraux en déroute. Le lendemain, à Pleasant Hill, petit village où les Unionistes se sont réfugiés après leur défaite de la veille, les Confédérés attaquent à nouveau14.

Cette fois-ci, la 2ième division d’infanterie est officiellement sous les ordres du brigadier-général Camille de Polignac. Et, comme à Mansfield, le Français démontre ses indéniables qualités militaires. Alors, quelques jours après, le 13 avril, il reçoit une double récompense : non seulement il conserve le commandement de la 2ième division, mais en plus il est élevé au grade de major-général15. Le temps où ses fantassins texans ne voulaient pas de lui comme chef est désormais révolu.

Mission de la dernière chance

Jusqu’à la fin de l’année 1864, le major-général Camille de Polignac et sa 2ième division d’infanterie vont et viennent dans la partie sud de l’Arkansas, d’un camp à l’autre, au gré des ordres, mais sans jamais combattre. L’ennemi ne s’aventure plus dans ces parages. Alors, le Français s’ennuie et broie du noir. À telle enseigne qu’il envisage de servir la Confédération ailleurs que sur le champ de bataille. Mais où ?

En janvier 1865, le Sud connaît une situation militaire très préoccupante. Au cours de la seconde partie de l’année 1864, il a perdu plusieurs batailles importantes : Wilderness (5-6 mai), Spotsylvania (9-13 mai), Atlanta (22 juillet) et Savannah (17 – 20 décembre). Les troupes de l’Union avancent à l’est comme à l’ouest. Sa capitale (Richmond, Virginie) est menacée par les forces du lieutenant-général Ulysses Grant.

Il paraît évident que, sans l’aide militaire d’une grande puissance étrangère, la Confédération est condamnée à perdre la guerre.

Partant, s’il était possible d’obtenir l’engagement de la France à ses côtés, les choses pourraient prendre une autre tournure. De cela le major-général Camille de Polignac est sûr. C’est pourquoi il demande au lieutenant-général Edmund Kirby Smith de lui accorder une permission de six mois afin d’entreprendre une mission diplomatique auprès de Napoléon III.

Connaissant la sympathie de l’empereur français pour la cause sécessionniste16, il pense être en mesure de le convaincre. Et puis, il a un atout dans sa manche : son amitié avec le duc Charles de Morny, un très proche17 de Napoléon III. Ayant obtenu l’accord de son chef, le major-général Camille de Polignac quitte Shreveport (Louisiane) pour Paris le 09 janvier 1865. Il est accompagné par deux officiers d’état-major. Dans son porte-documents, il a une lettre du gouverneur de Louisiane Henry Allen à l’attention de l’Empereur18.

À ce moment-là, il est plutôt optimiste. Il ne sait pas que sa mission va aller de déboires en déboires, pour finalement échouer. D’abord, son voyage va s’éterniser. À cause du blocus maritime établi par l’Union, il n’atteint Paris qu’au début du mois d’avril19. Ensuite, il ne peut plus compter sur l’appui du duc de Morny puisque celui-ci est mort quelques semaines avant son arrivée. Enfin, l’empereur des Français n’a que peu de temps à lui consacrer. Il n’est reçu que quelques minutes, debout, et sans que Napoléon III prenne même la peine de lire la lettre d’Henry Allen.

Le résultat de l’entrevue est sans appel : il est trop tard pour changer le cours de la guerre (le 3 avril, Richmond, la capitale du Sud, est tombée aux mains des Fédéraux). Et même s’il était encore temps, la France ne bougerait pas parce que son alliée l’Angleterre refuserait de la suivre20. L’engagement de Camille de Polignac aux côtés de la Confédération se termine donc sur un échec. Mais le Français ne peut s’en vouloir car, jusqu’au bout, il a remué ciel et terre pour lui éviter la défaite21.

Fidèle au Sud jusqu’à la fin
Camille de polignac : un français dans l’armée confédérée. 11

Resté en France à l’issue de sa mission diplomatique, Camile de Polignac demeure fidèle à la cause qu’il a embrassée et pour laquelle il s’est battu avec ardeur pendant quatre ans. Persuadé de la légitimité de l’acte de sécession des Etats du Sud, il veut en convaincre les Français.

Car il a le sentiment que ceux-ci, essentiellement informés par des journaux unionistes et/ou abolitionnistes, ont une vision faussée de la guerre civile américaine.

Pour ce faire, il prend la plume et publie en 1866 : L’Union américaine après la guerre. Pour la défense des Etats du Sud 22. Que contient cet ouvrage ? Une dénonciation de ce que son auteur estime être les grands mensonges du « radical du Nord »23.

À savoir : le Sud n’a pas été en « rébellion » (selon la formule nordiste), il n’a fait qu’utiliser son droit constitutionnel de quitter l’Union ; le Nord n’a pas mené une sainte croisade pour libérer les esclaves, mais a déclenché et conduit la guerre civile pour imposer au Sud sa domination politique et économique ; les esclaves n’étaient pas maltraités, au contraire ils bénéficiaient de plus de protection que les prolétaires des manufactures du Nord ; le petit peuple du Sud n’a pas été entraîné malgré lui dans la sécession par l’oligarchie des planteurs, le fait est qu’il s’est battu pour la « grande cause » quatre ans durant et avec férocité ; le Nord victorieux ne reconstruit pas le Sud, en vérité il le fait piller et tyranniser par son armée.

Au final, Camille de Polignac est-il parvenu à changer le regard de ses compatriotes sur les Etats du Sud ? Pas dans d’importantes proportions sans doute puisque son livre n’a pas connu un grand succès de librairie.

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Monument en l’honneur du Prince de Polignac (Mansfield, Louisiane)

Si le prince Camille de Polignac a gardé, jusqu’à sa mort, le souvenir du Sud, le Sud, de son côté, n’a pas oublié « The gallant Polignac » qui de trois façons différentes (militaire, diplomatique et littéraire) a défendu avec constance la cause sécessionniste. Ainsi, en 1925, soit quarante ans après la fin de la Guerre Civile, l’Etat de Louisiane lui a érigé un monument au milieu du site historique de la bataille de Mansfield. C’est un obélisque de granit gris. Sur son socle sont gravés ses grades successifs, ses faits d’arme les plus remarquables24 et son titre honorifique de « Lafayette of the South ».

Jean-Patrice Lacam


Notes

1– En cela, ils s’opposent à l’interdiction qui leur est faite par le gouvernement impérial de s’engager au service des armées belligérantes. De fait, ils risquent des poursuites et même la perte de la nationalité française. Mais, la plupart du temps, ils ne sont punis que d’un simple blâme.

2– Parmi les Français d’Amérique qui ont participé, les armes à la main, à la Guerre de Sécession, il faut bien distinguer les volontaires de ceux qui ont été engagés de force. Dans les deux cas, ils n’ont pas été très nombreux. Quelques milliers tout au plus.

3– Camille de Polignac est le descendant d’une famille aristocratique légitimiste. Son père, le duc Jules de Polignac, fut ministre des Affaires étrangères puis président du Conseil du roi Charles X.

4– C’est un fait, Camille de Polignac est sincèrement acquis à la « grande cause » (la sécession). De son point de vue, la guerre que mène le Sud pour quitter l’Union est légitime. Elle équivaut à celle menée par les treize colonies américaines au siècle précédent (1775 – 1783). Il s’agit d’une guerre d’indépendance.

5– En 1859, alors qu’il voyageait au Nicaragua, Camille de Polignac avait été approché par l’ambassadeur des Etats-Unis (Alexander Dimitri). Celui-ci, favorable à la sécession, était alors à la recherche d’étrangers haut placés susceptibles de plaider la cause du Sud auprès des autorités politiques de leurs pays respectifs. Partant, il avait recommandé le prince français à plusieurs personnages importants de l’Etat de Louisiane.

6– En 1859, quand il démissionne de l’armée française il a atteint le grade de sous-lieutenant.

7– Car il avait constaté que la démocratie élective avait pour conséquence de sélectionner de très médiocres officiers.

8– Au début de la guerre, les uniformes des unionistes et ceux des sécessionnistes se ressemblent beaucoup. Ce qui provoque la confusion lors des combats.

9– Lors de cette bataille, les pertes des sudistes ont été très élevées : 1728 morts, 8012 blessés et 952 prisonniers. Et c’est sans compter les très nombreux déserteurs.

10– Depuis le mois de septembre 1861, le Kentucky est divisé en deux : le quart sud-ouest est allié à la Confédération et le reste de l’Etat est unioniste. D’où le fait qu’il existe alors deux armées du Kentucky.

11– Cette brigade de 1 255 hommes a été « bricolée » avec des cavaliers transformés en fantassins et originaires de trois corps de troupe différents.

12– Cette ville est un bastion confédéré. Depuis 1863, elle est la capitale de la Louisiane sécessionniste. Pour l’armée du Sud, elle présente une grande importance stratégique en raison de sa situation en bordure de la Red river et à proximité de la frontière avec le Texas. L’armée fédérale a fait de sa conquête un des buts importants de sa grande campagne de la Red river.

13– La 2ième division d’infanterie est composée pour l’occasion de deux brigades d’infanterie (Louisiana Brigade et Texas brigade) et d’un bataillon d’artillerie (Farie’s artillery battalion).

14– À l’issue de la bataille de Pleasant Hill, l’armée unioniste doit abandonner sa campagne de la Red river et donc son projet d’invasion du Texas. Poursuivie par les Confédérés, elle décide de se replier dans la partie sud de la Louisiane.

15– Il s’agit -là du grade le plus élevé jamais obtenu par un étranger dans l’armée confédérée.

16– Effectivement, Napoléon III est favorable à cette cause. À la fois par principe et par intérêt. Par principe : il milite depuis toujours pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (le Sud se bat pour ce droit). Par intérêt : commercial (la France a besoin du coton de la Confédération) et politique (la sécession sert le projet impérial d’un protectorat français au Mexique). Il aimerait donc que le Sud gagne la guerre. Mais, sans la collaboration de la Grande-Bretagne, il se trouve dans l’impossibilité d’aider le Sud à vaincre le Nord. D’où sa politique de neutralité.

17– Le duc Charles de Morny (1811 – 1865) est le demi-frère de Napoléon III ; il est aussi son plus proche conseiller. À deux reprises, en octobre 1863 et en janvier 1864, Camille de Polignac lui avait écrit pour lui demander de plaider la cause du Sud auprès de l’Empereur. Sa première lettre se termine ainsi : « Si donc, Monsieur le Duc, l’influence de la haute position que vous occupez dans le gouvernement de l’Empereur peut amener quelque heureux changement dans la destinée de ce pays [la Confédération], vous pourrez vous flatter d’avoir servi la cause de l’humanité et d’avoir assuré l’avenir d’une grande nation et le bonheur d’un bon peuple. ».

18– Dans cette lettre, Henry Allen, d’une part, rappelle à Napoléon III les liens historiques qui unissent la Louisiane à la France et, d’autre part, pointe la menace que ferait peser sur ses ambitions mexicaines une victoire de l’Union. Mais le gouverneur de la Louisiane n’a pas tout dit dans sa lettre. Oralement, il a demandé à Camille de Polignac d’informer l’Empereur des Français de l’intention de la Confédération de libérer les esclaves qui combattent ou ont combattu pour elle.

19– Pour contourner le blocus de la marine fédérale, Camille de Polignac part du nord-ouest de la Louisiane (début janvier), traverse le Texas, se rend au Mexique (fin janvier), puis à Cuba (mi-février), ensuite dans le sud de l’Espagne (mi-mars) et arrive enfin en France (début avril). Son voyage aura duré trois mois.

20– Dans le passé, Napoléon III avait tenté à deux reprises de convaincre les Anglais de former une alliance pour soutenir le Sud, mais sans aucun succès.

21– On considère habituellement que c’est le 9 avril 1865, à Appomattox, que se termine ce que les Américains appellent « The Civil War ». Ce jour-là, dans cette petite ville de Virginie, le général Robert Lee, le commandant en chef des forces confédérées, se rend à son homologue des forces de l’Union, le général Ulysses Grant. En fait, ce n’est qu’au tout début du mois de juin que tous les soldats sudistes auront déposé les armes.

22– Avant cet ouvrage, pendant qu’il combattait le sabre à la main pour la Confédération, il avait signé quelques articles dans la presse européenne dans lesquels il justifiait la sécession du Sud au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Grâce à eux, il espérait changer le regard du vieux monde sur les Confédérés.

23– Par « radical du Nord », il faut entendre, sous la plume de Camille de Polignac, le républicain à la fois unioniste et abolitionniste qui souhaite que la victoire du Nord provoque une transformation en profondeur de la société sudiste.

24– À savoir : « Twice promoted for gallantry on the fields of Richmond (Kentucky) and Mansfield (Louisiana) ».


Bibliographie

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J. Demange : Un prince français général confédéré. (La Gazette des armes, no 16, mai 1974)

J. McPherson : La Guerre de Sécession. Robert Laffont, 1991.

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J. Kinard : Lafayette of the South : Prince Camille de Polignac and the American Civil War (College Station, Texas A&M University Press, 2001).

Sam Irvin : Revisiting Mansfield (Market Bulletin of Mansfield, mars 2008).

F. Ameur : Les Français dans la guerre de Sécession. PU de Rennes, 2016.

Anonyme : Prince Camille de Polignac : un général français chez les Confédérés. (Le Courrier des Amériques, mai 2028)

C. de Polignac : L’Union américaine après la guerre. Pour la défense des Etats du Sud. Ed. E. Dentu, 1866

C. de Polignac : Journal de campagne, carnet de correspondance privée. Archives familiales de la marquise de Lillers.

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